L'année 2013 fut une sale année pour Murielle Plantard, jeune femme de 40 ans et mère de deux filles, Lucie, 18 ans, et Aimie, 14 ans. Ce fut celle de la récidive d'un cancer du sein et d'un cauchemar déjà vécu en 2005.
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Après plusieurs mois de souffrances et d'insomnies et à l'issue d'un protocole de soins à l'hôpital de Nantes, en rémission, elle a décidé de partir toute seule en vélo de Saint-Nazaire pour rejoindre le Pays basque et la commune d'Ascain, le long de la Vélodyssée. Un défi qu'elle s'est lancé pour retrouver de la confiance, apprendre à vivre avec la douleur et surtout apporter un message d'espoir aux personnes qui souffrent de la maladie.
« On peut s'en sortir, il ne faut pas baisser les bras et prendre la vie comme elle vient. Je suis parti le 19 mars avec plein de soleil dans la tête et du cœur à chaque coup de pédale », explique Murielle. Son périple fut aussi une très belle aventure humaine avec des rencontres à chaque étape, où des collectivités et des particuliers l'ont accueillie pour lui offrir le gîte et le couvert.
Générosité et solidarité
Elle est arrivée dimanche 30 mars à Parentis, première de ses trois étapes landaises avec Saint-Julien-en-Born et Capbreton, attendue par Huguette Valette qui l'hébergeait et des membres du Cyclo Parentissois, dont certains étaient partis à sa rencontre. En vain, puisque Murielle avait pris un autre itinéraire, rejoignant directement Parentis depuis Sanguinet par la RD 46. Pas facile avec le vent de travers et ses grandes lignes droites.
« J'ai douillé cet après-midi dans les derniers kilomètres », confiait-elle à l'arrivée, fatiguée mais avec le sourire. Chez Huguette, Murielle s'est reposée avant d'aller se faire masser et de profiter d'une bonne soirée, en famille et autour d'une poule-au-pot. Passionnée de cuisine, elle n'avait pourtant jamais goûté ce plat et était impatiente. Elle a aussi envisagé quelques stages culinaires pour se reconvertir, mais cela était trop dur physiquement. Car sa maladie est aussi invalidante, et elle a dû renoncer à son métier d'auxiliaire de puériculture et à ses études d'aide soignante. Il lui faudra chercher une autre voie et Murielle ne désespère pas, bien au contraire !
Un nouveau départ
Son périple, elle l'a achevé le 1er avril par une ascension à pied de la Rhune. Murielle est une femme volontaire avec un caractère bien trempé et aussi une récidiviste. Elle en a profité pour envisager un nouveau départ, et conquise par les paysages landais, de s'installer dans la région.
En 2007, deux ans après son premier cancer du sein, elle s'était déjà lancé un défi identique sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, une carriole attachée à sa hanche, de Saint-Jean-Pied-de-Port au Cap Finistère.
À vélo cette fois-ci, elle s'est mise à parler à son cycle comme à une personne, lui demandant chaque matin de l'emmener à bon port. Ce qui ne fut pas si évident au cœur des marais de Brouage en Charente-Maritime, perdue sur un étroit chemin au milieu des roseaux et risquant à chaque coup de pédale de s'embourber. Sur la route, elle aura croisé beaucoup de personnes incrédules, étonnées par le défi qu'elle s'était lancé, certains cherchant même si elle n'avait pas caché un petit moteur dans son vieux VTC.
Son message, elle l'a aussi rappelé en maintes occasions, au fil des rencontres : « Nous ne savons pas ce que la vie peut nous réserver, aussi nous devons nous accrocher à tous ces petits moments de bonheur qu'elle nous offre, aux plaisirs simples de tous les jours. » Un message d'espoir et une leçon de vie pour toutes les personnes atteintes, comme elle, d'un cancer.
Axel Frank